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jeudi 4 juin 2009
Le menu du corbeau de La Fontaine
- Je vous propose :
Une salade de vers de terre
Une poubelle de carcasses de poulets
Et des débris de hamburgers
Une assiette de cerises rouges et de tomates vertes
- Non
- Vous préférez des cerises vertes
et des tomates rouges ?
- Non, je ne veux rien de tout ça.
- Qu’est-ce que vous voulez, alors ?
-Je veux mon fromage,
Celui que le renard m’a volé.
Jacques ROUBAUD (Menu, menu - 2000)
LE CRAPAUD
Sur les bords de la Marne
Un crapaud il y a,
Qui pleure à chaudes larmes
Sous un acacia.
-Dis-moi pourquoi tu pleures
Mon joli crapaud ?
- C’est que le malheur
De n’être pas beau.
Sur les bords de la Seine
Un crapaud il y a,
Qui chante à perdre haleine
Dans son charabia.
-Dis-moi pourquoi tu chantes
Mon vilain crapaud ?
Je chante à voix plaisante,
Car je suis très beau,
Des bords de la Marne aux bords de la Seine
Avec les sirènes.
Robert DESNOS
C'est tout un art d'être canard
C'est tout un art d'être canard
C'est tout un art
d'être canard
canard marchant
canard nageant
canards au sol vont dandinant
canards sur l'eau vont naviguant
être canard
c'est absorbant
terre ou étang
c'est différent
canards au sol s'en vont en rang
canards sur l'eau, s'en vont ramant
être canard
ça prend du temps
c'est tout un art
c'est amusant
canards au sol vont cancanant
canards sur l'eau sont étonnants
il faut savoir
marcher, nager
courir , plonger
dans l'abreuvoir
canards le jour sont claironnants
canards le soir vont clopinant
canards aux champs
ou sur l'étang
c'est tout un art
d'être canard.
Claude Roy
vendredi 29 mai 2009
Ciel et terre
Un chien bleu
Avec des poils gris.
Un chat gris,
Avec des yeux bleus.
Un mur blanc et chaud.
Le chat dessus. Le chien dessous.
Et un oiseau s’amusant bien
Tout là-haut. Tout là-haut.
Ciel bleu. Terre grise.
Pour les vivants, point de surprise.
Le monde sera toujours ce qu’il est,
Comme le chien et comme le chat,
Comme l’autruche et le chameau,
Comme l’aube et le crépuscule
Et comme le rêve de ce bel été
Qui recule.
Edmond JABÈS (Petites poésies pour jours de pluie et de soleil - 1991)
LE CHAT (Extrait)
mercredi 27 mai 2009
LE CHAMEAU
lundi 18 mai 2009
La leçon de chose
Venez, poussins
asseyez-vous
je vais vous instruire
sur l’œuf
dont tous
vous venez, poussins
L’œuf est rond
mais pas tout à fait
Il serait plutôt
ovoïde
avec une carapace
Et vous en venez tous, poussins
Il est blanc
pour votre race
crème ou même orangé
avec parfois collé
un brin de paille
mais ça
c’est un supplément
A l’intérieur il y a
Mais pour y voir faut le casser
et alors d’où - vous, poussins - sortiriez ?
Raymond Queneau - Le chien à la mandoline - 1965
La mouche qui louche...
Le petit grillon
Le petit grillon qui garde la montagne
A bien du mérite croyez-moi
Quand de partout Coucous et hiboux font
Coucou coucou
Ou ouh ouh ouh ouh
A d’autres coucous
A d’autres hiboux
Qui font tout à coup ou coucou coucou ou ouh ouh ouh ouh
Toute toute la nuit
Le petit grillon vaillant
A bien du mérite
Et qu’est-ce qui le retient
Dites-le-moi Messieurs
De se croiser les bras
Et de dormir longtemps
Sa tête entre les deux yeux.
Paul VINCENSINI (La Poésie et l’enfant 1975)
jeudi 14 mai 2009
La grenouille
Une grenouille
Qui fait surface,
Ça crie, ça grouille
Et ça agace.
Ça se barbouille,
Ça se prélasse,
Ça tripatouille Dans la mélasse,
Puis ça rêvasse
Et ça coasse Comme une contrebasse
Qui a la corde lasse.
Mais pour un héron à échasses,
Une grenouille grêle ou grasse
Qui se brochette ou se picore,
Ce n’est qu’un sandwich à ressorts.
Pierre Coran (1989)
Le héron
Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Le héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours.
Ma commère la carpe y faisait mille tours,
Avec le brochet son compère.
Le héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord ; l'oiseau n'avait qu'à prendre.
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit ;
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments, l'appétit vint : l'oiseau,
S'approchant du bord, vit sur l'eau
Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux,
Et montrait un goût dédaigneux,
Comme le rat du bon Horace.
"Moi, des tanches ! dit-il ; moi, héron, que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?"
La tanche rebutée, il trouva du goujon.
"Du goujon ! c’est bien là le dîner d'un héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux dieux ne plaise !"
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles ;
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner,
Surtout quand vous aurez à peu près votre compte...
Jean de La Fontaine - Livre VII, 1668
Le petit chat blanc
Un petit chat blanc
qui faisait semblant
d’avoir mal aux dents
disait en miaulant :
« Souris, mon amie
j’ai bien du souci
le docteur m’a dit
tu seras guéri
si entre tes dents
tu mets un moment
délicatement
la queue d’une souris. »
Très obligeamment
souris bonne enfant
s’approcha du chat
Qui se la mangea.
Moralité
Les bons sentiments
ont l’inconvénient
d’amener souvent
de graves ennuis
aux petits enfants
comme-z-aux souris.
Claude ROY - 1974 -
mardi 31 mars 2009
lundi 9 mars 2009
Fête
Frissonnez les érables !
Frémissez les bouleaux !
Tressaillez les cytises !
Bondissez les osiers !
Balancez les cyprès !
Chantez les cèdres bleus !
Dansez les peupliers !
Éclatez les genets !
Criez les cerisiers !
Gueulez les chèvrefeuilles !
Et vous les saules pleureurs,
Ramassez vos mouchoirs,
Demain, c'est le printemps !
Jean-Claude Touzeil (1946 / ...)
Le bal des souris
Dans un salon, tout près d'ici,
Dans un salon tout près d'ici
L'y-a-t-un' société de souris
Gentil coquiqui, coco des moustaches
Mirbojoli, gentil coquiqui.
L'y-a-t-un' société de souris,
Qui vont au bal toute la nuit,
Gentil coquiqui, etc.
Qui vont au bal toute la nuit,
Au bal et à la comédie :
Gentil coquiqui, etc.
Au bal et à la comédie,
Le chat sauta sur les souris,
Gentil coquiqui, etc.
Le chat sauta sur les souris,
Il les croqua toute la nuit,
Gentil coquiqui, etc.
Il les croqua toute la nuit,
Le lendemain tout fut fini,
Gentil coquiqui,
Coco des moustaches, mirbo joli,
Gentil coquiqui.
Poésie populaire (anonyme)
On frappe
dimanche 8 février 2009
AU CIRQUE
Ah ! si le clown était venu !
Il aurait bien ri, mardi soir :
UN magicien en cape noire
A tiré d'un petit mouchoir
Un lapin, puis une tortue
Et, après, un joli canard.
Puis il les a fait parler
En chinois, en grec, en tartare.
Mais le clown était enrhumé :
Auguste était bien ennuyé.
Il dut faire l'équilibriste
Tous seul sur un tonneau percé.
C'est pourquoi je l'ai dessiné
Avec des yeux tout ronds, tout tristes
Et de grosses larmes qui glissent
Sur son visage enfariné.
MAURICE CARÊME
jeudi 5 février 2009
Dans ces bras-là...
Je me sens tout petit chat.
Dans les bras de ma maman,
Je me sens petit enfant.
Dans les bras de mon papi,
Je me trémousse et je ris.
Dans les bras de mon grand frère,
Je m'élance et saute en l'air.
Dans les bras de ma mamie,
Soudain,
Je me suis endormi.
Claude Clément
mardi 3 février 2009
Laisse-moi croire...
Laisse-moi croire que tu es bon
comme le pain sorti du four.
Laisse-moi croire que tu es pur
comme une source jaillie du roc.
Laisse-moi croire que tu es doux
comme les herbes dans la forêt.
Laisse-moi croire que tu es vrai
comme cette pierre au creux de ma main ...
Laisse-moi me blesser à la pierre tranchante!
Laisse-moi rafraîchir ma joue sur les herbes !
Laisse-moi boire à la source cristalline !
Laisse-moi reprendre forces dans le pain chaud !
Laisse-moi croire que le bonheur est possible.
Laisse-moi croire ...
1987 (traduit du tchèque par l'auteur)
Odile...
chaque matin essuie les larmes du caïman.
Claude Vercey (2005)
La barbichette...
Je te tiens,
Tu me tiens,
Par la barbichette.
Le premier de nous deux
Qui rira
Aura une tapette !
lundi 26 janvier 2009
jeudi 15 janvier 2009
LES ARAIGNEES ET LES DICTONS
Araignée du matin : chagrin,
pensait un bébé coccinelle
cherchant à libérer ses ailes.
Araignée du midi : souci
grognait un rat dans son chagrin
de voir un chat près de sa belle.
Araignée du soir : espoir,
disait au briquet l’étincelle
mourant dans le vent du jardin.
Mais l’araignée dans sa nacelle
prisonnière à vie de sa faim
rêvait qu’elle était hirondelle.
Pierre Béarn
vendredi 9 janvier 2009
C'était un bon copain
Et la cervelle dans la lune
C'était un bon copain
Il avait l'estomac dans les talons
Et les yeux dans nos yeux
C'était un triste copain.
Il avait la tête à l'envers
Et le feu là où vous pensez.
Mais non quoi il avait le feu au derrière.
C'était un drôle de copain
Quand il prenait ses jambes à son cou
Il mettait son nez partout
C'était un charmant copain
Il avait une dent contre Etienne
A la tienne Etienne à la tienne mon vieux.
C'était un amour de copain
Il n'avait pas la langue dans sa poche
Ni la main dans la poche du voisin.
Il ne pleurait jamais dans mon gilet
C'était un copain,
C'était un bon copain.
Robert DESNOS (Corps et biens, 1930)
mardi 6 janvier 2009
La joue de la fée
Dans la marmite ça ronronne
Dans la marmite ça ronronne
Ca n’arrête pas de ronronner.
Encore plus fort que papa
Quand il dort le nez bouché.
Ca ronronne dans la marmite, ça ronronne !
Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :
C’est pas du lapin, c’est du chat.
René De Obaldia (Innocentines)
1,2,3 ...
Ca gratte
Ca gratte
Entre les omoplates,
Ca me gratte,
Ca me gratte,
Sur le nez,
Dans le coup,
Ca me gratte aussi
Beaucoup.
Sur mes joues écarlates,
Ca me gratte,
Ca me gratte,
Aux coudes
Et aux genoux,
Ca me gratte vraiment
Beaucoup.
Pour ne plus vous gratter,
Vous n’avez qu’à chanter.
Entre les omoplates,
Ca me chatouille
Ca me chatouille,
Sur le nez,
Dans le cou,
Ca me chatouille aussi
Beaucoup.
Sophie Arnould
Alphabet
B c'est le boulevard sans bout,
C la compote sans cannelle,
D le diable qui dort debout.
E c'est l'école, les élèves,
F le furet féru de grec,
G la grive grisant la grève,
H c'est la hache et l'homme avec.
I c'est l'ibis berçant son île,
J Le jardin sans jardinier,
K le képi du chef kabyle,
L le lièvre fou à lier.
M c'est le manteau bleu des mages,
N la neige bordant le nid,
O l'oranger pris dans l'orage,
P le pain léger de Paris.
Q c'est la quille sur le quai,
R la rapière d'or du roi,
S le serpent qui s'est masqué,
T la tour au-dessus des toits.
U c'est l'usine qui s'allume,
V le vol du vent dans la voile,
W le wattman de lune,
X le xylophone aux étoiles.
Y c'est les yeux doux du yack
Oublié dans le zodiaque,
Z le zigzag brusque du zèbre
Qui s'enfuit dans les ténèbres,
Malheureux parce qu'il est
Le dernier de l'alphabet.
Maurice Carême
Un enfant veut répondre
Un enfant veut répondre
Il a levé le doigt
Dans une vieille école
Qui n'existe plus.
La neige a fondu sous les bancs
Il fait chaud comme à l'écurie
Et l'instituteur
A souligné tous les verbes à la craie bleue.
L'enfant qui veut répondre
Fait claquer ses doigts
Tachés d'encre violette
Dans la vieille école
Qui n'existe plus.
PAUL VINCENSINI
Le point mort, Ed. Guy Chambelland
SYLLABAIRE
A.B.C. dit le syllabaire.
(Abaissez qui ? Abaissez quoi ?)
« Ah, mais c’est B. ? » dit C. en l’air.
(D. ne dit mot et reste coi.)
A. s’étonne. A. dit « Ah ? »
A. n’a pas encore l’habitude.
A. marmonne : « Ah ah ah ah… »
A. devra faire des études.
B. est baba, la bouche bée.
B. est béat. Non : « B-a, ba. »
B. est buté et hébété.
B. se sent bête et embêté.
C. dit qu’il n’a a pas commencé,
que A. et B. l’ont tracassé.
Il faut reprendre l’A.B.C.
Mais C. en a déjà assez.
D. se sent tout dégingandé ;
« A.B.C. c’est vous, c’est pas moi »,
dit D. qui s’est décommandé
et reste sur son quant-à-soi.
Claude ROY
Mon cartable
Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.
Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
et ce qu’on ne mange pas.
La figue et la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortant du port.
Les cow-boys et les noisettes,
la craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.
Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.
Pierre Gamarra